Introduction au risque inondation
Le risque inondation peut être abordé comme étant l’exposition d’enjeux humains aux aléas naturels de submersion consécutifs à des précipitations intenses (crues des cours d’eau, ruissellements de versants, remontées de nappes…).
Dès lors, la réduction du risque inondation implique une compréhension approfondie du fonctionnement hydrologique à l’échelle du bassin versant considéré et un accompagnement durable dans l’aménagement du territoire et l’urbanisme.
En effet le risque inondation peut résulter d’un phénomène ou de la concomitance de plusieurs phénomènes :
Inondation par débordement des cours d'eau
Les inondations par débordement, lors d’une crue, apparaissent en quelques jours, voire quelques heures, et durent généralement d’une journée à plusieurs semaines. Les zones touchées se situent dans la vallée de la rivière ou du fleuve : ce sont des inondations de plaine. Elles résultent de pluies importantes dans le bassin versant, qui se cumulent parfois avec la fonte des neiges sur les reliefs. Ces inondations interviennent surtout au printemps, ainsi qu’en automne et en hiver, lorsque l’influence cumulée des pluies sur le débit des rivières est forte, en raison d’une faible évapotranspiration.
Inondation par remontée de nappe phréatique
Les remontées de nappes se produisent plutôt à la fin de l’hiver ou au printemps, lorsque le niveau des eaux souterraines est au plus haut. Une fois que la nappe occupe l’ensemble de l’aquifère (disparition de la zone non saturée), celui-ci est plein et ne peut pas stocker davantage d’eau. Si la recharge perdure, le niveau de la nappe s’élève au-dessus du toit de l’aquifère, et peut atteindre celui du sol. Des inondations de sous-sols et de caves peuvent se produire. Si l’eau continue de monter, elle inonde progressivement les habitations en surface. Ce type d’inondation a une dynamique lente et peut durer une très longue période, parfois plusieurs mois.
Inondation par ruissellement
Dans les zones où l’infiltration de l’eau dans le sol est limitée, les pluies soutenues génèrent un ruissellement important. Cette faible capacité d’infiltration peut être naturelle, mais s’observe essentiellement en présence de sols artificialisés et d’aménagements (en savoir plus sur l’artificialisation), comme c’est le cas dans les zones urbaines. Dans ces secteurs, les orages peuvent provoquer des inondations par ruissellement.
Les crues historiques du bassin de l’Agout
Les premiers recensements d’inondation sur le bassin de l’Agout remontent au XIXème siècle. Les crues de 1861 et de 1875 ont respectivement vu l’eau monter à une hauteur de 7,6 mètres et 4,3 mètres à Brassac d’après les témoignages de l’époque.
La crue de 1930 est la crue de référence sur la majeure partie du territoire du bassin de l’Agout. Si l’occurrence peut en être discutée, le caractère « apocalyptique » de l’événement est bien résumé par un seul chiffre : 2500 m3/s à Lavaur. Une valeur qui surpasse largement celles des autres crues historiques et incite à caractériser la crue de 1930 de millénale (Maurice Pradé).
A Castres, l’eau est montée jusqu’à 7 mètres de hauteur en l’espace de 6 heures avec un débit maximum estimé entre 1000 m3/s et 1500 m3/s.
Une hauteur de crue de 7 mètres a aussi été constatée sur le Thoré avec un pic de crue concomitant avec celui de l’Agout. Le Sor a lui aussi connu une crue importante en 1930 mais le débit n’a pas pu être estimé lors de l’évènement. La hauteur d’eau record de 15 mètres observée à Lavaur s’explique sûrement par la concomitance entre les débits très important du Thoré, de l’Agout, et du Sor en amont de la commune. A l’aval, le Dadou a lui apporté 700 m3/s dans l’Agout lors de cette crue centennale.
Cette crue aurait fait plus de 200 morts.
Depuis cette crue, le bassin versant amont a été fortement reboisé. On peut donc penser que si une telle crue se produisait aujourd’hui, son ampleur serait plus modérée grâce au couvert forestier qui participe à limiter les ruissellements de versants.
L’épisode de décembre 1996 (pointe de crue le 7 et le 8) est la deuxième crue la plus forte du XXième siècle après celle de 1930 sur l’Agout, comme en témoigne cette photo de la crue de 1996 qui référence les hauteurs d’eau des crues passées proche du coche d’eau à Castres
Le bassin de l’Agout amont, très exposé aux précipitations, a délivré des débits importants (crue décennale sur le Gijou et l’Agout à Fraisse-sur-Agout) mais non exceptionnels. A Castres du fait de la saturation des sols et de la réactivité de nombreux affluents, le débit de l’Agout est de 520m3/s (ordre de grandeur d’une crue centennale). Les débits du Sor et du Dadou ont été plus modérés, conséquence directe d’une plus faible pluviométrie sur leur bassin versant respectif, et n’ont pas contribué à l’augmentation du débit entre Castres et Lavaur. A contrario, le Thoré a lui, particulièrement bien répondu aux précipitations puisque le débit à Labruguière était de 544m3/s.
La crue torrentielle de 1999 a été très marquante sur le bassin du Thoré du fait de la réactivité très importante du cours d’eau lors de l’évènement pluvieux. Le Thoré a réagi de manière exceptionnelle avec un débit supérieur à 550 m3/s (la pointe de crue n’est pas mesurée). La crue a engendré le décès de 4 personnes à la suite de glissements de terrain importants sur la commune de Labastide-Rouairoux.
L’occurrence des débits de pointe va croissante vers l’aval du bassin versant : 2 ans à Fraisse sur Agout, 5 ans sur le Gijou, 10 ans à Castres, 100 ans à Lavaur. Le Sor et le Dadou, moins touchés par l’événement pluvieux, n’ont pas réagi de manière significative.
La crue de mai 2020 sur le bassin du Dadou a été particulièrement marquante car la hauteur d’eau au pic de crue s’est dangereusement rapprochée de la crue de 1930 à Grauhlet. Bien heureusement, elle n’a pas atteint cette limite (hauteur maximale atteinte de 3,35 mètres). Cependant, la lame d’eau au maximum de la crue a dépassé la hauteur relevée lors de la crue de 1992 qui était, jusque-là, la seconde crue la plus importante qu’est connu le Dadou (2,79 mètres).
Les autres bassins ont vécu une crue plus proche d’une occurrence vicennale (temps de retour de 20 ans) et n’ont pas été aussi marqué par cet évènement.
Les repères de crue, témoins des évènements passés
Le bassin de l’Agout recense un peu moins de 800 repères de crue sur le territoire réparties selon la carte ci-dessous :
Cette liste est loin d’être exhaustive et il nous arrive d’en découvrir de nouveaux lorsque nous travaillons sur le terrain.
Une campagne de pose de repère de crue a été menée en 2023 afin de remplacer les plaques “disparues” ou devenu illisibles puis pour matérialiser la montée des eaux de 2020 sur le bassin du Dadou notamment. Ci-dessous, un exemple de repère de crue de 1995 qui a été remplacé à Castres, proche du coche d’eau, suite à l’arrachage de ce dernier ; Puis un repère de crue positionné au jardin des rivières à Grauhlet afin d’illustrer la montée des eaux en mai 2020.
Les cartes du risque Inondation
Les cartes réglementaires qui représentent l’enveloppe des surfaces inondables se trouvent dans les Plans de Prévention des Risques inondation (PPRi). Ces cartes sont réalisées par les services de l’état et sont annexés aux documents d’urbanisme afin de délimiter les zones constructibles. Elles sont composées d’une partie réglementaire qui définit les aménagements et travaux autorisés sur les zones à risque, et d’une partie cartographique qui permet de visualiser clairement les zones inondables selon un découpage par secteur. Sur le bassin de l’Agout, la quasi-totalité des communes sont couvertes par un PPRi :
Les PPRi sont consultables gratuitement en ligne via le lien ci-dessous :
Ce ne sont pas les seules cartes du risque inondation qui existe, on peut également retrouver les Cartographies d’Informations des Zones Inondables (CIZI) ou des Atlas de Zone Inondable (AZI).
En 2022, une étude globale du risque inondation a été menée sur le bassin de l’Agout afin de synthétiser les données et de les rendre cohérentes. Des cartes d’aléas fréquentes et exceptionnelles ont été créées et ont servi à identifier les zones les plus vulnérables face au risque inondation par débordement de cours d’eau et par ruissellement. Le rapport de l’étude est disponible au lien ci-dessous :