Localisation du bassin de l’Agout
La France métropolitaine est divisée en six zones géographiques nommées « districts hydrographiques ». Ces six bassins sont : les bassins Rhône-Méditerranée-Corse, Rhin-Meuse, Loire-Bretagne, Seine-Normandie, Adour-Garonne et Artois-Picardie. Ces grands bassins hydrographiques sont eux-mêmes divisés en Commissions territoriales et Unité Hydrographique de Référence (UHR)
Le bassin de l’Agout s’inscrit au Sud-Est du bassin hydrographique Adour-Garonne, à l’extrémité sud du bassin Tarn-Aveyron. L’Agout s’y étend sur 194 km depuis sa source dans la montagne de l’Espinouse, jusqu’à sa confluence avec le Tarn. Son bassin versant s’étend sur près de 3500 km².
Afin de contextualiser l’emplacement de l’UHR Agout a une échelle hydrographique plus locale, il est important de citer le bassin Tarn-Aveyron. Le bassin Tarn-Aveyron est composé de 10 UHR et L’EPAGE Agout travaille régulièrement avec les syndicats de bassin voisins dans le cadre de ses missions. Cela permet de garder une cohérence territoriale dans l’application de la compétence GEMAPI.
L’association Tarn-Aveyron a été créée en 2021 afin de centraliser les informations cartographiques de nos territoires. Récemment, une chargée de mission « Eau et urbanisme » a été recrutée afin de venir en appui des syndicats pour intégrer les enjeux GEMAPI lors de la révision des documents d’urbanisme du territoire.
L’UHR Agout couvre la moitié Sud du département du Tarn et s’étend au-delà sur les trois départements limitrophes : la Haute-Garonne, l’Aude et l’Hérault. En termes de surface de territoire, cela représente la répartition suivante : Le Tarn (≈ 85%), l’Hérault (≈ 10%), la Haute-Garonne (≈ 3%) et l’Aude (≈ 2%).
Hydrographie
Le bassin versant de l’Agout est parcouru par un réseau hydrographique dense de plus de 4 800 km de cours d’eau. L’abondance des précipitations et la nature imperméable du socle géologique à l’amont du bassin versant sont effectivement propices à l’émergence d’une multitude de sources. L’Agout, l’un des affluents du Tarn, constitue le cours d’eau principal du bassin versant avec un linéaire de 194 km. L’Agout est alimentée par 4 affluents principaux : Le Thoré (62 km), le Sor (61 km), le Dadou (116 km) et le Gijou (50 km).
Afin de rendre plus cohérent les plans de gestion des cours d’eau et de faciliter localement leur application, le territoire a été divisé en 6 bassins de gestion correspondant au découpage hydrographique des cours d’eau majeurs du bassin.
Le bassin versant de l’Agout est marqué par la présence d’une multitude de plans d’eau. Environ 3 434 plans d’eau sont recensés sur le territoire dont 645 se trouvent sur un cours d’eau. Le bassin compte une dizaine de grandes retenues artificielles dont la surface est supérieure à 200 000 m², dont 8 avec une capacité de stockage supérieure à 10 millions de m3.
Barrage | Sous-bassins | Cours d’eau | Usage primaire | Volume total de la retenue (millions m3) |
Laouzas | Agout amont | Vèbre | Hydroélectricité | 44,1 |
Raviège | Agout amont | Agout | Hydroélectricité | 43,2 |
Saints Peyres | Thoré | Arn | Hydroélectricité | 34,0 |
Cammazes | Sor | Sor | Eau potable | 18,8 |
Saint Férréol | Sor | Laudot | Navigation | 6,0 |
Razisses | Dadou | Dadou | Eau potable | 11,3 |
Bancalié | Dadou | Lézert | Eau potable | 10,9 |
Au-delà de ces grands barrages, on compte un nombre important de barrages de taille plus modeste destinés à l’hydroélectricité. On compte 104 centrales hydroélectriques référencées par l’Agence de l’eau sur le bassin de l’Agout. Les centrales hydro-électriques sont réparties de la façon suivante :
- 9 sur l’Agout amont,
- 10 sur l’Agout médian,
- 22 sur l’Agout aval,
- 44 sur le bassin du Thoré,
- 3 sur le Sor,
- 16 sur le Dadou.
De nombreux ouvrages transversaux ont été construits dans les lits mineur et/ou majeurs de l’Agout, du Thoré et de leurs affluents (barrages, seuils, chaussées, …). Ils remplissent des fonctions diverses comme le stockage d’eau potable ou le soutien d’irrigation agricole et la production d’électricité.
Les seuils, sont des ouvrages qui vont modifier ponctuellement les conditions d’écoulement des cours d’eau. La multiplicité des ouvrages en travers peut être problématique puisqu’ils font obstacle aux continuités écologiques (poissons principalement) et sédimentaires.
Relief et Géologie du territoire
Le bassin versant de l’Agout est caractérisé par deux grands ensembles géologiques distincts, situés de part et d’autre d’une courbe orientée Nord Sud allant de Revel à Réalmont en passant par Castres.
A l’Est, les terrains sont formés de roches plutoniques (granodiorites et monzogranites dans le Sidobre) ou métamorphiques (gneiss et schistes) datant du précambrien et du paléozoïque. Ces terrains sont globalement peu perméables à l’eau. Les précipitations ruissellent directement en fond de vallée lors de fortes précipitations. Seules les fractures et failles dans les roches foliées (principalement les schistes) permettent une infiltration locale.
A l’Ouest, les terrains sont à dominantes sédimentaires et alluvionnaires datant de l’ère tertiaire et quaternaire. Ces horizons plus perméables sont propices à l’infiltration et au développement de nappes d’accompagnement.
Dans les fonds de vallées et les piémonts (de la Montagne Noire notamment) on retrouve des terrains alluvionnaires plus perméables. Notons, qu’une fois gorgés d’eau, ces terrains présentent des risques de glissements importants dans les zones les plus pentues.
En termes d’hydrogéologie, on distingue 3 grands types d’aquifères sur l’ensemble du bassin de l’Agout :
- Les aquifères molassiques (41% du bassin versant total) situés dans la plaine de l’Agout, du Sor et du Dadou.
- Les aquifères fissurés (55% du bassin versant total) sont situés sous l’ensemble des reliefs du bassin versant. Ces aquifères sont alimentés par des fissures à travers le socle rocheux. Ces terrains sont donc plutôt imperméables.
- L’aquifère alluvial représente seulement 4% du bassin versant total. Il s’étend sur l’aval de la vallée de l’Agout, depuis sa confluence avec le Sor jusqu’à sa confluence avec le Tarn. Le Dadou en aval de Graulhet dispose aussi d’un aquifère alluvial. Ces secteurs très perméables sont constitués d’alluvions caillouteuses.
L’imperméabilité des roches sur une très grande partie du bassin versant de l’Agout limite l'infiltration de l’eau dans le sol raccourcit les temps de transit de l’eau entre les sous-bassins. Cela favorise les ruissellements de versant et concourt à l’augmentation des niveaux d’eau lors des épisodes de crue. Seuls les aquifères des plaines alluviales à l’extrémité Ouest du bassin présentent de bonnes capacités d’infiltration.
L’Agout prend sa source au sommet de l’Espinouse puis s’écoule dans une vallée très étroite, encaissée et sinueuse. Avec sa pente et son débit généreux, l’Agout, en amont de Brassac, a fait l’objet d’aménagements hydroélectriques importants. Une rupture de pente est ensuite clairement marquée en sortie des massifs montagneux en amont de Castres. Sur l’aval, l’Agout traverse ensuite une zone de plaine avec toutefois des apports importants de ses affluents.
On retrouve des reliefs abrupts et imperméables sur la vallée du Thoré, marquée par la présence de la Montagne Noire. Les nombreux ruisseaux qui s’écoulent sur ses versants pentus sont sensibles aux précipitations intenses et peuvent générer des crues soudaines comme la crue majeure de 1999
Occupation du sol
L’occupation du sol sur les versants, plateaux ou plaines est un facteur incontournable pour pouvoir mieux comprendre la réponse des bassins versants face aux pluies de forte intensité.
L’occupation du sol sur le bassin versant a été établie sur la base de données géographiques CORINE Land Cover 2018. Ce programme définit les caractéristiques biophysiques de l’occupation des terres en classant la nature des objets (cultures, forêts, surfaces en eau, …) selon une nomenclature standard hiérarchisée en trois niveaux.
L’analyse spatiale de l’occupation du sol sur le bassin de l’Agout selon ces critères permet de dresser l’état des lieux suivant :
Les forêts représentent près d’un tiers des terrains naturels à l’échelle du bassin versant de l’Agout. Elles couvrent principalement les reliefs et sont concentrées sur la moitié Est du territoire. L’Agout amont a en effet été fortement reboisé après la crue de 1930 et grâce au fond forestier national dans la seconde moitié du XXème siècle.
Les forêts de l’ouest du bassin sont majoritairement composées de feuillus tandis que les versants amonts du territoire, beaucoup plus montagneuses, ont une population de conifères importante. Une partie non négligeable des forêts de conifères est dédiée à la sylviculture (essence de Douglas majoritairement). Les exploitations forestières sont soumises à des plans de gestion dans le but de limiter les impacts des coupes sur les écosystèmes et la biodiversité.
Les surfaces agricoles sont implantées dans les plaines à l’Ouest et au Nord du bassin et occupent également une part importante du territoire.
Les épisodes pluvieux intenses ont un impact important sur l’érosion des parcelles agricoles. Afin d’en limiter les effets, plusieurs actions sont menées par le SMBA dans le cadre de ses Plans Pluriannuels de Gestion, en partenariat avec la chambre d’agriculture du Tarn. Ils ont notamment pour objectifs de sensibiliser et d’accompagner les exploitants agricoles pour adapter leurs pratiques : mise en place de couverts végétaux, plantations d’arbres et de ripisylves, communication sur le non-labours…
Les terres artificialisées concernent les principales agglomérations et infrastructures urbaines mais ne représentent que 3,8 % du territoire. Particulièrement exposés aux ruissellements, la mise en place de mesures d’adaptation et d’anticipation foncières sont nécessaires sur ces secteurs afin de limiter l’imperméabilisation des sols et favoriser la gestion des eaux pluviales.
Milieux naturels
Le bassin versant de l’Agout est couvert par une myriade de petites zones humides dont la répartition géographique est étroitement liée au réseau hydrographique. La connaissance actuelle se concentre principalement en moyenne montagne, dans les Monts de Lacaune, le plateau de Somail et le massif de la Montage Noire où le climat, frais et humide, et le socle géologique imperméable ont favorisé leur formation et leur maintien.
Lors du précédent SAGE, en 2014, seulement 3500 ha de zones humides étaient recensés soit 56,7 % des zones humides désormais connues. Les inventaires menés ces dernières années ont ainsi permis de recenser 2676 ha supplémentaires de zones humides. Ils ont été réalisés par l’EPAGE Agout en réponse à une disposition du SAGE qui visait l’inventaire des zones humides.
Deux critères permettent de définir et de délimiter les zones humides (R211-108 du Code de l’Environnement) :
La Botanique avec la présence d’une végétation « hygrophile » (qui aime l’eau) ;
La Pédologie avec un sol « hydromorphe » (qui comporte des indices sur la présence récente ou plus ancienne d’eau dans le sol)
On recense 152 ZNIEFF sur le bassin versant de l’Agout, dont 144 de type 1 et 8 de type 2. Voici leur répartition :
Lancé en 1982, l’inventaire des Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) a pour objectif d’identifier et de décrire, sur l’ensemble du territoire national, des secteurs de plus grand intérêt écologique abritant la biodiversité patrimoniale dans la perspective de créer un socle de connaissance mais aussi un outil d’aide à la décision (protection de l’espace, aménagement du territoire).
On distingue deux types de ZNIEFF :
- Les ZNIEFF de type I : espaces homogènes écologiquement, définis par la présence d’espèces, d’associations d’espèces ou d’habitats rares, remarquables ou caractéristiques du patrimoine naturel régional. Ce sont les zones les plus remarquables du territoire ;
- Les ZNIEFF de type II : espaces qui intègrent des ensembles naturels fonctionnels et paysagers, possédant une cohésion élevée et plus riches que les milieux alentours.
A la différence des ZNIEFF, les sites du réseau NATURA 2000 sont encadrés par une réglementation basée sur des directives européennes.
Sur le territoire du bassin de l’Agout, les sites classés NATURA 2000 au titre de la Directive Habitat-Faune-Flore sont les suivants :
- Vallées de l’Agout et du Gijou,
- Les Monts de Lacune ;
- La Montagne Noire Occidentale,
- Le Causse de Caucalières-Labruguière,
- Les Tourbières du Margnès,
- Le Pic du Montalet ;
- La basse Vallée du Lignon ;
- La Vallée de l’Arn
Mise en place et gérée par les départements, la politique des Espaces Naturels Sensibles (ENS) a pour objectif de préserver la biodiversité. Un ensemble de sites représentatifs de la diversité et de la richesse des milieux naturels tarnais a été sélectionné avec le concours de naturalistes.
Parmi eux, on retrouve notamment la vallée de l’Arn, la tourbière de Canroute ou encore la tourbière des pansières.